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Calibre 35

  • : Le site de calibre 35
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  • : Collectif regroupant des auteurs de romans noirs autour d'un projet commun : diffuser la vitalité de la scène rennaise, faire émerger de nouveaux talents, participer à la publication de recueils de nouvelles, à des salons, tables rondes, etc.
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Interviews et chroniques


F. Paulin et D. S. Khara - TV Rennes 35
10/02/2012 (aux 15:25 et 26:35 min)
 

F. Paulin et D. S. Khara - RCF Alpha
15/11/2012

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Biographie

Stéphane GrangierNé un midi brumeux de septembre 1968 dans la ville de Quimper, Stéphane Grangier comprit très vite, environ à l’âge de 2 ans et demi, que son destin l’attendait, imminent, bouillonnant, sulfureux, au-delà des frontières du Finistère-Sud.

 

Dernier rejeton d’une famille dont seul le chat lui fit longtemps office de guide spirituel, il s’arrêta dans la ville de Lanester où il vécut une joyeuse, mais néanmoins perturbée enfance à la recherche (déjà) d’un sens profond à son existence.

 

En 1975, à l’âge de 7 ans, le fumet qu’exhalait la terre à l’orée des moissons l’attira. Il quitta la ville pour aller embourber l’hésitant tracteur de son destin dans les sillons d’une petite commune, Landévant, en plein cœur du Morbihan, où il vécut jusqu’à sa majorité. Durant sa jeunesse sinistre qu’il ne fut même pas foutu d’habiter un tant soit peu, il devient saisonnier en ce bord de mer résidentiel sur lequel sa famille finit par s’arc-bouter, car représentative d’une espèce d’art de vivre supérieur au commun des mortels, c'est-à-dire à tous ces bouseux qu’on voyait traînasser dans la rue sans emploi et encore moins de patrimoine.

 

Suite à maintes incursions dans l’univers du travail, passant d’un petit boulot à un autre, s'il a perdu le goût de se retrouver avec une truelle devant un mur idiot, Stéphane Grangier n'a jamais perdu celui de la pratique de l'écriture.

 

La preuve en est faite en 2009 avec la sortie de La vengeance du dindon farci, recueil collectif de nouvelles aux Éditions de la rue nantaise, puis de Chiens dans la nuit, cinq histoires noires formant un opus de 290 pages, en no man's land parcouru à toute berzingue par les esprits dérangés d'êtres passablement torturés (octobre 2010, Éditions de la rue nantaise, Rennes).

 

En 2011, quatre des cinq textes fondateurs de cet opus ressortent en exemplaire unique format poche et couverture glacée (Amarrées noires, Stiff little fingers, Chiens dans la nuit, Remugles).

 

Début 2012, le dernier texte sortira pour la première fois en exemplaire individuel. Droit vers le soleil donnera finalement son nom au recueil tout entier, enfin réimprimé puis doté d’une couverture noire, sobre et glacée pleine de mystère.

 

Succéderont des articles de presse dans Le Rennais, Le Mensuel de Rennes, la revue L’effeuillée

En 2014, Grangier commet Hollywood-Pomodien (éditions Goater), road-movie foutraque et endiablé. L'année suivante, un petit roman (intimiste) voit le jour aux éditions La Gidouille : Rachel. Lanester 76.

Stéphane Grangier est membre du collectif Calibre 35



Contacter Stéphane Grangier


[email protected]
https://twitter.com/#!/hammerandropov
http://amarreesnoires.blogspot.fr/
http://stephanegrangier.wordpress.com/ 

 


Bibliographie
 

Roman

Hollywood-Plomodiern (Editions Goater, 2014)

 

Recueils de nouvelles et mini-romans :
 

La Vengeance du Dindon farci et Critique de la Raison pure (Editions de la Rue nantaise, La Vengeance du Dindon farci, 2009)

Chiens dans la nuit (Editions de la Rue nantaise, 2010)

Amarrées noires, Stiff little fingers, Chiens dans la nuit, Remugles (Editions de la Rue nantaise, Mini-romans, 2011)

Droit vers le Soleil (Editions de la Rue nantaise, 5 histoires complètes, 2012) 

Rachel. Lanester 76 (éditions La Gidouille, mars 2015)

 

Nouvelles

Rennes, gueule ouverte (in Rennes, ici Rennes, recueil de nouvelles de Calibre 35, éditions Critic, mai 2013)

Frisco (in Un P'tit Calin avec Plein d'Amour Dedans, éditions La Gidouille, octobre 2013)

Livaro libre (in Maillot Noir, recueil de nouvelles de Calibre 35, Goater Noir, 2015)


    

En savoir plus sur l'auteur :  

Une interview par Melle Camille Argence (mars 2012)

- Qu'est-ce qui vous a fait ressentir le besoin d'écrire la toute première fois que vous avez écrit une nouvelle ?

Je t’avouerais que c’est un peu loin, maintenant.
En même temps, pour un auteur, 20 ans ça pourrait paraître tard, mais il n’y a aucun modèle et il n’y a certainement pas à en avoir.
Je cumulais des tas de boulots, me cherchant. Je crois que c’est le contact avec un lieu, et certainement des gens : Belle-Île-en-Mer, peut-être, à cette époque, puis de multiples rencontres, dans cette sorte de lieu qui du coup, en devient bizarrement fantasmatique alors que c’était très réel.
Puis, ce fut Rennes.
Certainement le fait de fuir, aussi.
On se dirige parfois dans des directions professionnelles car l’on vous pousse à cela (travail, situation, plus ou moins s’affilier à un schéma d’existence rassurant pour l’entourage).
Un truc bouillonnait en moi, depuis longtemps. Quelque chose qui demandait à sortir. Je pense que je n’ai jamais su que faire de ma vie.
Et j’ai mis du temps à savoir (j’en suis encore là) ce que je ne souhaitais plus faire de ma vie.
Alors j’ai lu, tout, peut-être pour trouver chez d’autres le truc que je sentais à l’intérieur de moi mais dont je n’avais pas clairement idée.
En gros, le sens et le besoin de création, avec une avidité gloutonne.
Pour cela, il me fallut m’isoler et commencer à imiter les auteurs que je dévorais, car j’adorais ce qu’ils écrivaient et la façon dont ils l’écrivaient (des classiques, puis un peu de tout : Hamsun, Miller, Fante, Bukowsky, Victor Pelevine, des Chinois, Japonais, de la littérature noire, Dard (découvert ado), Manchette, Pouy, David Goodis, Ellroy, enfin à peu près tout ce qui me tombait dans les mains).
Dans une bibliothèque, je passais d’une étagère à l’autre, me foutant royalement du fait qu’une pochette fut moche où que le nom de l’auteur fut incompréhensible. Il y avait là comme de l’or et je le savais. Les trois livres par semaine, il m’arrivait de les dévorer en deux jours, après quoi je revenais piller une nouvelle fois la bibliothèque. Il y avait quelque chose de furieux là-dedans, comme l’urgence de se réfugier dans la richesse d’univers qui contrastaient terriblement avec la (ma) morne, ennuyeuse et vide réalité.
Là-dedans, je découvrais la vitalité, la jubilation, la joie, la folie et une totale liberté d’expression qui me redonnait de ce souffle dont mon environnement semblait absolument dépourvu, choisissant parfois un accommodement pratique avec la norme et souhaitant, parce que c’était comme ça, y plier à peu près tout le monde. (Évidemment, au crédit de ces personnes, travail, obligation professionnelle, choix familiaux, que je ne permettrai pas de juger).
En vérité, et je crois que tu l’as compris, c’est un environnement global, longuement prémâché, ressenti, intériorisé, supporté, jusqu’à ce que ça ne soit plus supportable, qui a fait qu’un jour je me suis mis à écrire (peut-être pour en sortir), et non pas un moment, en particulier, ou un livre, ou une seule rencontre.

- Pourquoi préférez-vous écrire des histoires sous forme de nouvelles et non des romans?

Je crois que le format s’est institué de lui-même.
Je ne me posais pas de question, j’écrivais quelque chose et l’histoire s’arrêtait d’elle-même, quelque part quand celle des personnages l’avait décidé ainsi, ou que je sentais qu’il n’y avait rien à rajouter. Peut-être y a-t-il quelque chose de plus agréable et d’instinctif, de frais, direct, écrit dans une sorte d’immédiateté, comme un jet, dans la nouvelle, alors que le roman semble une succession de constructions soigneusement encastrées les unes dans les autres afin de bâtir petit à petit un édifice complet, et crédible.
J’ai écrit deux romans, mais n’ai jamais réussi à en venir à bout, alors je les ai laissés dans un coin, pas finis, mal ficelés, peut-être parce que j’avais la tête ailleurs à ces moments-là et qu’il me fallait écrire vite les choses pour qu’elles ne se cassent pas dans la nature.
Il y a une autre raison, moins poétique.
Pas trop le choix.
Ni vraiment le temps. L’écriture nécessite d’avoir du temps et je n’en avais aucun, puisque j’étais chômeur et tenu d’accepter les boulots qu’on me proposait, parce que « l’écriture n’est pas un métier » qu’on me répétait constamment. « Peut-être, mais c’est pourtant un travail, BORDEL ! », étais-je alors tenté de répondre à ces personnes qui n’auraient accepté cette réponse car elle ne rentrait pas dans le cadre de la sectorisation de l’individu déjà en cours un peu partout à cette époque-là (un truc de productivité et de rentabilité que j’aimais moyennement, car il ne rentrait pas dans mon schéma à moi d’épanouissement par la jubilation, la liberté, le plaisir, en gros, la vie).
Donc, dans ce schéma préétabli où la contrainte posait son gros cul, évidemment, je clochais.
Du fait du manque de temps, alors, le format nouvelle s’est imposé de lui-même.

- Quelles sont les différences entre vos premiers écrits et les derniers ?

J’ai eu plusieurs époques dans ma vie, comme des existences dans cette même existence.
Je ne sais pas exactement la différence.
Aujourd’hui, je recommence à écrire après des années accumulant les boulots pour survivre (comme si je replongeais dans les premiers balbutiements ou, semble-t-il, je repérerais plus facilement le raccourci afin de ne pas m’embourber dans la brousse du n’importe quoi, chose qui fait perdre un temps fou). Je réapprends, car tout est encore et toujours un perpétuel apprentissage (doublé d’une recherche constante d’émerveillement).
À l’origine je crois que j’écrivais en vrac, n’importe comment, à plein de gens, parfois, essayant de me trouver en imitant les auteurs que je lisais, peut-être vivant un peu leurs vies par procuration, comme si j’essayais de m’approprier ces univers mythiques d’où ils venaient et qu’ils racontaient (qu’ils rendaient surtout ainsi par le talent de leur plume), car en moi, tout était plutôt prosaïque.
Désormais, j’essaie d’approfondir, d’affiner, de tailler, peut-être d’être plus précis, m’échinant à rendre le tout construit et cohérent.
Et c’est loin d’être gagné.

- D'où vous vient l'inspiration qui fait naître vos histoires ?

De ce que l’on vit et où on le vit.
Pour moi souvent, ce furent les lieux, qui me marquaient profondément, avec leurs rites, rythmes, personnages, et dont l’atmosphère définit souvent les histoires, comme s’il fut presque logique que, de ce lieu, émane ou éclose un univers donc une possible histoire. Également de la captation par le regard des lieux (comme d’un appareil-photo) puis de cette sorte d’imprimante qui est la mémoire, et qui vous ressort ça bizarrement un jour, alors que vous tâtonnez devant votre page.
Désormais, c’est peut-être plus d’un travail de maturation, peut-être d’un jeu, qu’on s’amuse à faire resurgir en soi.
Quelquefois des mots, eux-mêmes.
Je n’ai jamais beaucoup voyagé, j’ai toujours aimé les univers « intérieurs » des personnages qui parfois se trouvaient liés à un univers cloisonné (intérieur/extérieur) dont ils semblaient invariablement prisonniers et comme cherchant à en sortir. Ou non, d’ailleurs (David Goodis, par exemple, auteur qui suivit le destin de ses propres personnages à Philadelphie).

- Écrivez-vous déjà votre prochaine nouvelle? Et si oui, de quoi parle-t-elle ?

J’écris actuellement un recueil de nouvelles avec ma compagne, Karine Baudot, dans une sorte de ping-pong (idée en partie piquée à Marc Villard et Jean-Bernard Pouy) qui se répondrait par des mots que nous nous amusons à choisir, chose, objet, personnage, lieu, nous obligeant à les utiliser pour définir une sorte de fil rouge entre tous les textes.
En ce moment donc, j’écris sur la vie d’un neurone.

Remugles.jpg

 

 

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